Le système de subvention est un instrument de politique économique mis en place depuis des années pour des raisons politiques, économiques et sociales. Créé pour remédier aux distorsions dans le fonctionnement des marchés, il vise à assurer l’accès des ménages à des biens et services de première nécessité à maintenir le pouvoir d’achat des ménages en maîtrisant l’évolution des prix à des niveaux acceptables. Les différents gouvernements post-révolution ont fait de la réforme du système de compensation une de leurs grandes priorités depuis 2011.
Mais, en dépit de ces engagements affirmés, cette réforme avance de manière lente. Cette lenteur s’explique par le fait que la question du système des subventions se trouve au centre de l’un des plus importants dilemmes de la politique économique. Ce système a montré ses limites depuis les années 80, avec l’augmentation des coûts de la compensation devenue une charge de plus en plus lourde sur le budget de l’Etat. Cette charge s’est amplifiée ces dernières années avec l’augmentation des prix des matières premières.
A cela s’ajoutent les inégalités dans les bénéfices des subventions. La Banque mondiale a montré que les revenus les plus bas ne bénéficient que de 13% des dépenses de subventions énergétiques, alors que les ménages aux revenus plus élevés en tirent 29%. C’est dire que le système de subvention mis en place pour aider les revenus les plus bas et défendre leurs pouvoirs d’achat pose deux problèmes : son coût de plus en plus lourd et son caractère inéquitable.
Ces deux problèmes constituent les deux réformes appuyées par la BM et le FMI et sont devenues une condition sine qua non pour soutenir la Tunisie. Ces deux réformes font désormais du surplace et n’avancent pas comme le souhaitent les gouvernements successifs et les institutions financières internationales. Elles se situent au centre d’un dilemme majeur : comment réformer et rationaliser le système de subvention sans accroître la pauvreté et les inégalités.